A deux jours de l'échéance annoncée de signature des transferts d'une partie des services supports vers le Groupe Randstad France (GRF) , les élus du Comité d'Entreprise réunis le 28 novembre en séance plénière ont eu communication d'évolutions sur les conditions dudit transfert. Nous évoquions en détail dans notre précédent article les avantages et inconvénients d'une telle opération vis-à-vis du changement de cadre collectif mais aussi de la situation individuelle de chaque salarié. Une première série d'entretiens individuels réalisés entre chaque salarié concerné par le transfert et la DRH Randstad généra beaucoup d'interrogations et de frustration tant les réponses obtenues étant incomplètes, absentes ou tout simplement pas à la hauteur des demandes légitimes exposées (incapacité à répondre et renvoi vers le manager AUSY, refus de maintenir des avantages acquis).

 

Enfin de justes compensations mais toujours un flou de vision

 

La Direction annonce avoir réalisé une seconde série d'entretiens plus ciblés et concrets en présence cette fois-ci des managers AUSY (actuel) et Randstad (futur).  Les intéressés ont pu à cette occasion disposer des documents contractuels personnalisés (convention de transfert, avenant au contrat de travail), ce qu'ils n'avait pu obtenir précédemment. Les retours de ces entretiens sont variables en fonction des interlocuteurs de chaque partie : de la satisfaction d'avoir obtenu des réponses plus concrètes à l'expression d'un sentiment de mise sous pression à quelques jours de l'échéance. La problématique des salariés ne souhaitant pas signer n'a pas été anticipé et cette catégorie est en situation de stress depuis maintenant trop longtemps. La Direction indique que la bourse à l'emploi disponible pour les salariés en quête de repositionnement est à présent adressable dans les mêmes conditions depuis le site intranet AUSY ou le site internet AUSY, des différences ayant été observées par l'absence de certains postes.

La CFDT dénonce toujours l'absence de discussions sur le détail de la fiche de poste qu'elle soit actuelle ou à terminaison suivant l'évolution du chantier digital (V0, V1, V2, etc...). L'absence de projection du personnel est alors une réelle difficulté et introduit un climat de méfiance qu'il soit vis-à-vis de l'employeur actuel (AUSY peut-il me repositionner ?, des formations sont-elles possibles ?) ou du futur employeur (quel sera mon évolution à moyen terme ? comment mon métier va-t-il évoluer ?). La Direction d'AUSY s'est engagée en début de projet à consacrer un budget de 50k€ dédié à la formation du personnel ne souhaitant pas être transféré. Nous avions déjà dit que la valeur de cet engagement en volume dépendait fortement du nombre de personnes et de la qualité de l'accompagnement à mener en parallèle. En réponse à nos reproches sur l'anticipation des situations, la Direction annonce qu'à la date du 28 novembre, seulement trois collaborateurs ont exprimé de manière officielle le désir de ne pas signer leur transfert. Face aux remontées des salariés et à nos revendications, la Direction a mis en place les compensations suivantes :

  • surcoût de la mutuelle frais de santé Randstad vs mutuelle AUSY  : celui-ci est compensé par intégration du différentiel de cotisation dans le salaire brut de base.
  • intégration avant transfert de la part variable dans le salaire fixe pour tous les salariés ayant un variable nominal chaque année. A cela s'ajoutera le dispositif obligatoire variable collectif mis en place chez GRF (celui-ci a été versé à hauteur de 100% - objectifs atteints-  sur les deux dernières années soit 3,5% du salaire).
  • maintien du bénéfice des congés d'ancienneté pour les salariés concernés  au moment du transfert.
  • maintien du bénéfice actuel du télétravail lors du transfert.  Les autres salariés AUSY transférés bénéficieront  d'une procédure allégée (pas de passage en commission GRF) et plus rapide s'ils souhaitent passer en télétravail.
  • mise à disposition des documents contractuels personnalisés

En revers de ces compensations, une polémique demeure sur l'engagement initial d'augmenter les salaires de 2% pour le personnel ne disposant d'un variable préalablement à leur transfert : de cet avantage seraient déduit les compensations financières évoquées plus haut. Cela nuance donc la satisfaction de la levée de ces obstacles. Ces 2 % sont clairement évoqués dans le dossier initial de consultation et s'interprète comme une prime au transfert, nous considérons légitime de ne pas y effectuer de mesquines déductions. 

Si tous les autres obstacles à la prise de décision peuvent être levés par des mesures collectives ou des négociations individuelles,  Il demeurera au final la difficulté incompressible au sujet de la mobilité ressentie par 30% des salariés interrogés. Et là, AUSY aura beau faire et dire : on ne peut plier qu'une carte routière pour raccourcir le trajet banlieue sud - banlieue nord...  En liaison avec cela, nous ne sommes toujours pas en connaissance des horaires pratiqués chez GRF et des possibilité de plages variables de travail, près de six mois (!) après l'annonce du projet. Comment alors permettre  l'organisation du personnel concerné ?

L'autre blocage chez bon nombre de personnes repose sur la projection opérationnelle : quelle configuration de travail à l'issue du transfert ? où, avec qui, quoi, comment ? Les inquiétudes sont grandes sur la capacité à appréhender sa situation future. Cela est d'autant plus prégnant que les métiers de base des deux entreprises AUSY et GRF sont très différents sur le fond. Même si nous parlons de fonctions supports, l'intégration d'un personnel GRF dédié à nos activités implique forcément des échanges, de l'encadrement et donc une imprégnation des deux cultures. Cela se fera inévitablement à terme mais pour l'heure le pas à franchir pour nos équipes mérite plus d'effort sur l'approche managériale qui est un déclencheur de confiance réciproque. Pour l'heure le flou est total  à la DSI par exemple.

Un changement important est intervenu  sur la date de transfert effective : le délai de signature proposé est maintenu au 30 novembre mais le transfert ne sera effectif qu'au 1er janvier 2019. Le délai d'un mois entre signature et transfert est justifié par la Direction comme  le temps nécessaire à l'enregistrement des personnes dans les systèmes d'information Randstad et à préparer l'accueil du personnel. Le constat est édifiant au 28 novembre : la Direction annonce ne pas encore avoir de signature ! De l'effectif pressenti initialement pour le transfert (plus de 80 personnes environ), une dizaine de salariés sont partis à ce jour et trois démissions sont en cours. Au vu des informations évoquées, les salariés non signataires disposeront d'un mois pour identifier une alternative au transfert de leur poste. C'est mince, surtout au regard de la fin d'année qui est neutralisée... La Direction reste de plus évasive sur la problématique des congés  où elle assure que l'organisation des services en fin d'année est similaire aux années précédentes malgré le projet Changepoint. La bascule vers de nouveaux outils au 1er janvier est vécu des plus sereinement par la Direction malgré notre alerte sur la légèreté du suivi de projet effectué.

 

Pas de bousculade à deux jours de  la clôture : une anti-adhésion repositionnable

 

En conclusion, la Direction nous annonce faire le point début décembre sur l'ensemble des postes objet du transfert avant d'informer les élus. En date du 7 décembre, nous ne disposons toujours d'aucune informations précises sur le taux de signatures de transfert. Au flou et à l'incertitude entretenue par la Direction depuis le début de ce projet, s'ajoute à présent le stress de salariés refusant leur transfert et qui, s'ils n'ont pas anticipé leur destin, espèrent que AUSY  ou Randstad leur trouve un repositionnement compatible avec leur situation. Ce travail sera donc réalisé dans une urgence extrême. Faut-il s'attendre à une tolérance sur des signatures hors-délai ? Comment vont être pourvus les postes des non signataires pour assurer une continuité de service ? Aucune réponse n'est apportée par la Direction qui s'en tient à son discours initial et attend donc l'échéance du 30 novembre pour décider d'un plan d'actions. Tout cela est proprement hallucinant. La CFDT dénonce cette situation qui va certainement générer une démotivation complète des salariés concernés dans une fin d'année où les clôtures doivent être effectués simultanément à une bascule vers de nouveaux outils dans le cadre du chantier digital. Certains services risquent de plus d'être surchargés si un trop grand nombre de non-signataires est dans leur rang et par voie de conséquence entraîner le même effet de renoncement des salariés transférés. Ce projet pourrait tourner au fiasco, il est pour nous plus raisonnable de décider de différer sa mise en application plutôt que de constater qu'on accentue la pression sur les réfractaires au transfert soit pour les faire signer soit pour s'en débarrasser. A suivre, très prochainement, le dénouement 2018...