Nous sommes encore sous le choc... Notre Directeur général France et adjoint Groupe a envoyé une nouveau message d'information  le 31 janvier à propos de la prime exceptionnelle pour le pouvoir d'achat (PEPA) préconisée par le gouvernement. Celui-ci fait suite la précédente annonce du 11 janvier qui faisait elle-même écho à la demande commune des syndicats.  En recevant ce message, nous n'avons que sursauté puisque étant déjà assis, sans quoi la chute aurait été plus que rude...

C'est déjà mal parti, la communication commence par une phrase bien malheureuse : "Début janvier, la décision était prise d’attribuer une prime exceptionnelle à l’ensemble des collaborateurs d'AUSY en France, selon des modalités qui s’appuyaient sur la loi publiée au journal officiel du 26 décembre 2018."

L'ensemble de salariés ? Si vous avez déjà lu les épisodes précédents, vous savez que ce n'est pas le cas ! Pour être éligible au régime fiscal et social de faveur, cette prime est limitée par la loi aux rémunérations brutes annuelles 2018 inférieures ou égale à 3 fois le SMIC. Peu généreuse, notre Direction avait décidé de restreindre l'attribution aux salariés dont la rémunération annuelle 2018 (incluant salaire et variable) était inférieure à 26 973,46 € (1,5 fois le SMIC 2018) et qui étaient présents dans les effectifs du 1er janvier au 31 décembre 2018. Nous avions déjà évoqué la faible proportion de salariés concernés.

Cette dernière condition de présence permanente en 2018 est à l'origine de la communication rectificative de notre Direction. Celle-ci s'est en effet aperçu qu'elle avait mal interprété (!) les textes promulgués le 26 décembre et qui ont fait l'objet de précisions ministérielles en date du 10 janvier. Ainsi, la présence effective tout au long de l'année 2018 ne peut-être un critère valable. Le texte initial stipulait déjà la condition de présence au 31 décembre comme l'un des quatre points définissant l'éligibilité afin d'entrer dans le cadre d'exonération.

 

Y-a-t-il un juriste dans l'avion ?

 

Le texte de loi dit  ceci :

La prime exceptionnelle de pouvoir d'achat bénéficie de l'exonération, dans la limite de 1 000 € par bénéficiaire, lorsqu'elle satisfait les conditions suivantes :

  1. Elle bénéficie aux salariés liés par un contrat de travail au 31 décembre 2018 ou à la date de versement, si celle-ci est antérieure ;
  2. Son montant peut être modulé selon les bénéficiaires en fonction de critères tels que la rémunération, le niveau de classifications ou la durée de présence effective pendant l'année 2018 ou la durée de travail prévue au contrat de travail. Les congés sont assimilés à des périodes de présence effective ;
  3. Son versement est réalisé entre le 11 décembre 2018 et le 31 mars 2019 ;
  4. Elle ne peut se substituer à des augmentations de rémunération ni à des primes prévues par un accord salarial, le contrat de travail ou les usages en vigueur dans l'entreprise. Elle ne peut non plus se substituer à aucun des éléments de rémunération, au sens de l'article L. 242-1 du code de la sécurité sociale, versés par l'employeur ou qui deviennent obligatoires en vertu de règles légales, contractuelles ou d'usage.

 

Là ou le scandale arrive, c'est que la communication précise donc que la Direction se voit contrainte d'ajuster son dispositif (lire : conserver la même enveloppe prévue et donc adapter les règles du jeu) :

  • un montant dégressif d’un maximum de 350 euros (NDLR : il doit falloir comprendre proratisation en fonction du temps de présence dans l'année)
  • pour tous les collaborateurs du groupe AUSY en France
    • ayant un contrat de travail au 31 décembre 2018, (NDLR : là c'est clair et conforme à l'esprit du texte, quoique mal formulé encore une fois : "lié par un contrat" c'est mieux)
    • et dont la rémunération annuelle est inférieure à 1,21 fois le SMIC 2018 (incluant salaire ou toute rémunération soumise à cotisation). (NDLR : là c'est proprement ridicule, faut-il exploser tout de suite ? lisez la suite quand même)

 

Justice gagnée pour le temps de présence .... Injustice accentuée pour la rémunération !!

 

C'est là qu'on peut s'étrangler et constater que la tranche d'éligibilité en terme de rémunération s'est réduite de moitié par rapport à la première annonce ! Encore une fois, comme nous le disions dans notre précédent article, la volonté de notre Président a été d'harmoniser cette prime sur l'ensemble du Groupe Randstad en France. La communication annonce donc que l'impact de cet ajustement fait passer le nombre de salariés éligibles  de 4 000 à 10 000 . Malheur à nous, notre Entreprise est noyée à présent dans un géant de l'intérim où de nombreux salaires sont peu élevés et avoisinent le SMIC. Mais devons-nous être ainsi alignés à cette population ? Notre comparaison par rapport à nos concurrents sur l'attribution de cette prime était déjà édifiante. Elle est maintenant totalement ridicule.

C’est un scandale absolu qui ne va, pour le coup, pas coûter grand chose à AUSY... Y-a-t-il encore des salariés concernés d’ailleurs ? Les salariés apprécieront d’être considérés comme des intérimaires de luxe, bien trop riches pour se plaindre de payer des taxes pétrolières…

Notre Direction a-t-elle conscience de l’impact déjà désastreux sur l’image de notre Entreprise, qui vient de franchir avec ce correctif, le seuil de l’infâme ? Il est trop aisé de se retrancher derrière des errements législatifs : AUSY n'a pas su lire correctement la loi, un point c'est tout. Plutôt que d'ouvrir légèrement les vannes, notre Direction préfère répartir l'enveloppe famélique prévue en changeant les règles à sa guise. L'esprit d'Harpagon est toujours en nos murs même si Monsieur Magnet (l'ex PDG, avant le rachat par Randstad) est parti.

Nous attendons toujours une réponse décente aux demandes unanimes formulées dans le courrier intersyndical adressé à notre Président. Il est regrettable que ce dispositif défiscalisé n’ait pas été une opportunité pour apaiser le mécontentement général s’agissant du partage de la valeur ajoutée.  La CFDT AUSY est scandalisée par cette mesurette qui vire à la farce intégrale. Nous pensons en priorité aux salariés dont la rémunération annuelle 2018 est comprise entre 1,21 et 1,5 fois le SMIC qui se voit déposséder de leur espoir de prime, quelle opinion peut-on avoir de son Entreprise après cette volte-face ?

MERCI A NOS DIRIGEANTS, DU DECIDEUR (LE TRÔNE DE FER) AU TRANSMETTEUR (LA MAIN DU ROI) POUR LE PEU DE CONSIDERATION DU TRAVAILLEUR. VOUS VOULEZ FIDELISER ? INNOVER ? DEVELOPPER VOS EQUIPES ? ETRE ETHIQUE ?

COMMENCEZ PAR RESPECTEZ VOS SALARIES !!