Comme nous l'évoquions dans de précédents articles, AUSY est confronté actuellement à deux chantiers d'envergure concomitants que sont le chantier de digitalisation d'une part et d'autre part le projet de transfert d'une grande partie des services supports d'AUSY vers GRF (Groupe Randstad France). Quoique la Direction nous en dise, ces deux projets sont intimement liés et ont des impacts communs dont l'un d'entre eux est la nouvelle répartition des tâches entre les assistantes et le service d'administration des ventes (ADV). Cette redistribution des rôles dérive d'une nouvelle organisation motivée par l'émergence prochaine des nouveaux outils digitaux et la volonté de distinguer les tâches orientées vers les clients (qui sont du ressort du support) des traitements relatifs à la gestion des consultants (qui relèvent à la fois du support pour ce qui concerne les frais et les temps et de la gestion RH pour le reste) afin de préparer l'organisation post-transfert GRF et post-bascule digitale. Les instances du personnel ont par conséquent été consultées sur la refonte des fiches de poste du personnel des assistantes et des ADV, énième rebond de la vaste réforme qui s'amorce au sein de l'Entreprise et sans aucun doute pas  le dernier.

Ne zappez pas, il y a du scoop dans l'air...

Aujourd'hui, l'assistant(e) assume le rôle d'interface entre les consultants et le manager, les clients et AUSY, les fournisseurs et AUSY, l'administration des ventes, l'administration du personnel et le service paie. Elle assistent le manager sur deux plans :

• le suivi client (suivi des bons de commande, des factures à encaisser et des encours)
• le suivi consultant (entrée, sortie, absences, saisie d'activité, frais, primes, salaires, formations, entretiens de carrière, suivis de mission)

Demain, l'assistant(e) assumera le rôle d'interface entre les consultants et les différents services supports (ADV, cellule frais, paie, DAS, Direction Juridique, DRH Opérationnelle, service voyage). Elle incarnera l'administration du personnel affecté à leur agence et assurera la gestion quotidienne du consultant. Elle intègrera en sus de leur tâches actuelles auprès des consultants la déclaration des accidents du travail sur la plateforme adéquate, le remplissage (après validation du juriste et du manager) du formulaire en ligne en cas de rupture conventionnelle. Les assistant(e)s se recentrent sur un rôle d’accompagnement du consultant et perdent donc leur polyvalence client/consultant.

En conséquence, demain l'administrateur (trice) des ventes (ADV) assume l'ensemble des responsabilité du cycle de vente sur un périmètre, depuis l'enregistrement des contrats jusqu'à la facturation des clients. Le poste n'est pas fondamentalement différent de l'existant, la nuance y étant que c'est l'ADV qui est en relation avec le Client là où auparavant assistant(e) ou manager assumaient le suivi commercial du contrat. Il s'agit donc d'un changement de priorité, l'ADV conserve toutefois une interface avec l'agence pour toute vérification ou validation. L'autre aspect important concerne la tâche de supervision de la performance financière des projets et de leur avancement.

Ce projet de refonte de fiches de poste ne se résume pas à son titre. Il présente un changement inédit et profond d'organisation : les assistantes étaient historiquement rattachées hiérarchiquement au Directeur des Opérations relevant de leur agence. Elle seront  rattachées dans un premier temps à la Direction des Affaires Financières puis directement à la Direction Générale lorsque la DAF sera transféré vers GRF. L'ensemble de ce personnel sera structuré organisationnellement avec un échelon intermédiaire via la création d’un poste de responsable d’assistantes (au nombre de quatre pour le périmètre national, qui chacune managera dix assistant(e)s).  Le déploiement des changements annoncés vis-à-vis des salariés et des managers est impulsé même si sa date d’effectivité est concomitante à celle du déploiement de CHANGE POINT, soit le 1^er janvier 2019. Les assistantes conservent le même périmètre de consultants qu'actuellement. Précisons aussi que le principe d'agences perdure et que chaque consultant demeure toujours hiérarchiquement lié à un manager.

Pour la CFDT, ce changement est un coup de tonnerre : les assistantes, relais essentiel des consultants, sont hiérarchiquement sorties des silos opérationnels que représentent les DOP. Il ne nous en fallait pas plus pour mettre en parallèle cet évènement avec la négociation CSE en cours, dont l'enjeu est de fixer le périmètres des futures instances du personnel. Rappelons que cette négociation doit s'appuyer sur un "critère d'autonomie de gestion du personnel" qui définit un établissement distinct dans le cadre de l'établissement des périmètres CSE. La CFDT estime troublant qu'un changement d'organisation, participant non seulement à l'adaptation à de nouveaux processus et outils mais aussi à la centralisation de la gestion des consultants, coïncide donc avec cette négociation. Nous pensons que la Direction opère pertinemment ce changement pour conserver une unicité de l'instance CSE en mettant ainsi toutes les chances de son côté si la négociation échoue et qu'un recours des syndicats à la DIRECCTE  se produise (voir nos articles sur la négociation CSE).

Le rattachement des assistantes à la Direction Générale est pour nous annonciateur d'un changement profond dans le mode organisationnel des opérations chez AUSY. D'autres évènements contribuent à alimenter notre réflexion en ce sens : certaines DOP se muent en business line telle l'Infrastructure ou prochainement l'Energie dont on nous dit que les consultants seront réaffectées dans d'autres entités. Le principe de la business line est de proposer une coquille commerciale transverse aux directions opérationnelles existantes qui interagissent en support étroit avec ces unités business. L'annonce d'autres aménagements au 1^er janvier interpelle tout autant notre fibre de négociateur CSE : des rapprochements de DOP sont ainsi prévues (Centre avec Nord et Ouest, Est avec Sud-Est) et on peut vite s'apercevoir ainsi que quatre futures grandes zones opérationnelles (donc 4 CSE grand maximum !) se dessinent : le Sud-Ouest, le grand Ouest, l'Est et Paris. Centralisation, Rapprochement, Simplification : trop d'indices pour ne pas mettre tout cela en regard avec ce qui se pratique chez notre propriétaire Randstad France. Certes, le business est quelque peu différent et la gamme de métiers de l'intérim très vaste, toutefois l'organisation opérationnelle est réalisée en pôles plus réduits. Et si les DOP avaient vécues après tant d'années ? Et si dans un an, nous étions répartis en unités clients ? Ce sont des présomptions mais nous les pensons fortes. Il est délicat dans ces circonstances d'aborder autrement que selon un critère géographique la réflexion à propos de la future représentation du personnel. Ceci intervient donc trop tôt ou trop tard en regard de nos mandats arrivant à échéance en avril 2019.

Une autre évolution notable de l'organisation est la création d'une "cellule frais" qui comme son nom l'indique aura en charge le traitement de l'ensemble des coûts relatifs aux frais professionnels (avance sur frais, vérification de conformité URSSAF, frais réels, péages, taxis, téléphone…) via un personnel spécifique et une adresse émail dédiée, L’assistante conserve toutefois la charge des réservations hébergement/transport via le prestataire partenaire (EGENCIA à ce jour) et la gestion du remboursement de l’abonnement de transports en commun via la paie. L'assistante et le consultant pourront être en interface avec cette cellule pour tout litige. Cette cellule dépendra hiérarchiquement d'un responsable "assistantes et frais" avant d'être ensuite l'objet du transfert chez GRF.

La CFDT ne peut être que perplexe sur l'efficience espérée des échanges multiples que devront effectuer les services supports d'AUSY transférés sous la bannière GRF avec les équipes commerciales d'AUSY. La réussite de ces échanges est basée sur des processus efficaces, précis et des outils fiables. Ce ne sera sans aucun doute pas effectif au 1^er janvier sans compter que la présence physique de toute ou partie des équipes transférées est une inconnue à l'heure actuelle. Il faut rappeler que si un salarié acte son transfert par la signature d'une convention, il dispose toutefois d'un délai jusqu'en septembre 2019 pour effectuer son transfert physique de poste entre AUSY et GRF. Comment gérer alors des équipes soit décimées par le manque d'adhésion des salariés au projet de transfert ou encore la répartition sur deux sites de services où une certaine synergie interne est nécessaire ? Vaste question et vaste incertitude à deux semaines de l'expiration du délai proposé aux salariés concernés par le transfert vers GRF pour prendre leur décision. Les entretiens du personnel sujet au transfert avec la DRH de GRF sont très peu satisfaisants : manque d'informations, pas de visibilité précise, perte d'avantages. Comment AUSY compte-t-il clore cette opération au 30 novembre dans ces conditions ? Le mur approche et nous pensons de plus en plus à un décalage dans ces conditions. La CFDT appelle la Direction à une concertation avec les syndicats sur les mesures à déployer et les avantages collectifs à préserver ou compenser (mutuelle, jours d'ancienneté par exemple) pour l'ensemble de ce personnel. Les instances ont préconisé ces aspects qui ressortaient de l'expertise faite sur ce projet. La Direction ne fait preuve d'aucune écoute des partenaires sociaux sur ce thème. Veut-elle un plan social ? Qu'elle le dise tout de suite !

Et si les assistantes étaient l'effet papillon du big-bang de notre ESN ? Beaucoup de choses vont intervenir l'année prochaine, nous en sommes persuadés. Après tout, cela est conforme à la vision d'avenir que nous déclinait notre repreneur, en la personne de Mr BEHAREL, au moment de la consultation sur l'OPA. Après une zone de calme post-rachat à laquelle il s'engageait, le "proprio" semble enclencher la seconde et repousser les murs. Nous pensons que certains syndicats lèvent plus d'alertes que de raison, la finalité d'une réforme inévitable ne peut-être remise en cause. C'est l'accompagnement qui en est fait qui fait cruellement défaut : expliquer, écouter, adapter, communiquer. AUSY pêche historiquement dans ces domaines pourtant essentiels. A-t-on par exemple pris la peine d'étudier l'appétence des assistantes ou des ADV envers leur poste après la réforme digitale ? A-t-on proposé des réaffectations en conséquence ? Non, bien sûr, tout est décidé sans concertation. Les oeufs cassés sont donc à prévoir mais ici il ne s'agit ni de blancs ni de jaunes mais d'humains. Pour l'heure, le questionnement est pour nous réel sur une bascule intégrale au 1er janvier vers un nouveau monde...

Pour finir, jouons à l'apprenti sorcier : 2020 c'est demain, mais après cet horizon ? Le gouvernement impose une fusion des nombreuses branches professionnelles avec l'objectif de réduire leur nombre de 700 à 200 en 2019. Cela commence avec les petites mais on ne peut s'empêcher de se projeter par la mise en parallèle de notre métier de la prestation avec l'intérim. Qui sait si à terme nous ne ferons pas partie de la même branche ? Qui sait si le CDI traditionnel tiendra bon face aux contrats courts tel le CDI de chantier ? Peut-être serons-nous alors tous Randstad, tous intérimaires de luxe avec un statut d'indépendant mais lié à un portage salarial avec notre Entreprise ? Notre univers professionnel va muter, c'est certain, les ordonnances Macron (voir notre article) ne sont qu'un gentil hors d'oeuvre qui relève d'un détricotage successif et minutieux de l'historique Droit du travail depuis une dizaine d'années. Le propos est là de vous dire que tout peut-être encore plus noir que la réalité du moment. A chaque jour suffit sa peine et à chaque sujet suffit sa polémique. AUSY contribue malheureusement au réchauffement climatique avec une fin d'année calorifique...

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