Le 15 mai dernier, la CFDT est venue visiter l'agence toulousaine par une journée quasi-estivale. La journée à débuté par une opération de tractage au pied de l'établissement de huit heures à dix heures du matin. Le principe était d'annoncer aux salariés que nous souhaitions les rencontrer et parler avec eux de leurs conditions de travail à l'occasion de cette journée où deux de nos délégués syndicaux se déplaçaient du siège social parisien. C'est aussi là l'occasion de sensibiliser encore une fois (après notre communication syndicale expédiée par courrier courant avril 2019) nos collègues aux prochaines élections professionnelles et de susciter des vocations parmi eux pour porter des valeurs syndicales réformistes et progressistes.
Au gré des rencontres, nous avons pu relever une attente forte sur le sujet du télétravail. Les consultants mais aussi le personnel administratif ont fait savoir leur difficulté à être entendus sur cette question au motif qu'il n'existe pas encore d'accord d'Entreprise. Nous avons objecté qu'un accord n'est pas indispensable aux yeux de la loi et qu'une entente de gré à gré est suffisante. L'argument est donc inexact, la raison est autre pour notre Direction qui d'une part, n'est pas encore prête au vu de l'avancement de sa transformation digitale (retard dans le déploiement de Changepoint) et qui d'autre part doit s'assurer de sa sécurité informatique et préfère inscrire dans un accord les enjeux afférents. Nous avons toutefois assuré nos collègues de notre volonté d'aboutir rapidement à un accord et de veiller à défendre l'éligibilité et l'accès de tout le personnel volontaire à ces dispositions. C'est un combat qui dure depuis dix ans pour la CFDT, l'heure de la modernité s'annonce enfin pour AUSY. Cela suppose toutefois une volonté d'investissement en matériel (ordinateurs, connexions, indemnités) et en organisation (gestion de la charge de travail, déconnexion, planning).
Un autre sujet a concerné les conditions de travail : l'agence de Toulouse dispose de locaux réaménagés selon les principes génériques appliqués depuis dans les autres établissements du groupe (espaces de travail ouverts, transparence, salles de détente, mobilier ergonomique). Si l'on excepte la problématique du jour qui est la chaleur naissante dans le bâtiment (activation de la climatisation la semaine suivante nous a-t-on assuré) relevé par plusieurs salariés, les locaux sont vus comme spacieux et plutôt agréables car plus lumineux et accueillants.
Toute avancée a aussi ses inconvénients : les nuisances sonores telles les conversations nécessitent plus de discipline, l'intimité est limitée. Les cloisons transparentes entourant la cafétéria ne pardonnent rien à ceux qui mangent salement ou se tâche... Les conversations privées ne peuvent l'être que sur un plan sonore mais pas visuel. La lumière pénètre largement dans les espaces par cette stratégie de décloisonnement mais, revers de la médaille, impossible de se curer tranquillement le nez (!). Le retour est donc globalement positif, la question de la température reste présente pour les zones exposées au soleil dans l'après-midi (tel le bureau des assistantes) et le recours à des filtres sur les fenêtres extérieures seraient bienvenues. Il en va de même des cloisons transparentes qui devrait comporter des bandes semi-occultantes telle la cafétéria ou encore une fois le bureau des assistantes afin de briser l'effet aquarium ou bocal.
Des échanges ont porté sur le suivi des projets (les fameux PPR : Performance Project Review) dont le format provoque quelques réactions ou encore le rôle des RH managers (déployés en premier sur Toulouse) qui ne donne pas entière satisfaction car ils ne connaissent pas le contenu du travail des consultants. Un débat s'est organisé sur l'appréciation du Client qui ne peut s'exercer que sur le projet et non sur les individualités, faute d'être illégal, le seul à pouvoir évaluer le consultant demeure son hiérarchique au sein de l'Entreprise ... mais au moyen du retour Client. Une belle hypocrisie donc, cependant une frustration pour le consultant de ne pas être évalué correctement et suffisamment reconnu pour son travail. La fréquence du suivi s'avère aussi insuffisante d'après les témoignages.
Autour du sujet de la saisie des temps et du prochain portail Changepoint, un salarié s'est interrogé sur un document de présentation des horaires flexibles disponible sur l'Intranet et nous demande si cela est applicable et dans quelles conditions. Nous sommes ainsi surpris de voir un document de présentation générale du principe des horaires flexibles (plage fixe et plage variable) présent sur l'Intranet alors que ces dispositions n'ont pas été officiellement proposées aux salariés. La CFDT , comme les autres syndicats, a été consulté sur ce principe en NAO dans la perspective du prochain portail Changepoint de saisie des temps. Les conclusions de la NAO précisent les contours exacts du dispositif qui sont expliqués ci-après, en réponse donc aux interrogations du salarié.
Sont appelés « horaires variables » des horaires qui permettent à chaque salarié de choisir ses heures d’arrivée et de départ à l’intérieur de plages déterminées, et ce dans la limite de 36h30 par semaine. Cela permet donc à chaque salarié d’aménager son temps de travail en fonction de ses propres contraintes. Cette liberté offerte aux salariés doit néanmoins être exercée en tenant compte des contraintes propres au service dans lequel le salarié travaille, ou au client et à la mission à laquelle le salarié est affecté. Les périodes pendant lesquelles la présence du salarié est obligatoire sont les suivantes : entre 10h et 12h, entre 14h et 17h. Le nombre d’heures minimum effectué chaque jour ne doit pas être inférieur à 5 heures, pour une personne à temps plein et travaillant une journée entière. En dehors des périodes de présence obligatoire, et sauf dans les cas où les horaires variables ne seraient pas applicables comme exposé ci-dessus, le salarié peut faire varier ses horaires, sous réserve :
- Que sa durée hebdomadaire de travail soit égale à 36h30. La réalisation d’heures supplémentaires se fait dans le cadre des dispositions prévues dans l’accord collectif relatif à l’Aménagement du temps de travail,
- De respecter une pause déjeuner d’une durée d’1h30, prise entre 12h30 et 14h ;
- De ne pas travailler avant 8h le matin, et après 21h le soir ;
- De respecter les règles légales relatives à la durée du travail ;
- De respecter ses temps de repos quotidien de 11h consécutives minimum, et hebdomadaire de 35h consécutives minimum.
Nous avons pu échanger avec l'équipe restreinte des consultants spécialisés en mécanique dont l'avenir reste incertain. Réduit des deux tiers en effectif, cette activité a subi un coup d'arrêt avec la fin de nombre de programmes aéronautiques et les perspectives de reprise ne sont pas encore là. "Au mieux en fin d'année, et encore, il faudra remporter les contrats" nous rapporte-t-on. En attendant, le personnel perçoit des discours contradictoires entre maintien absolu de l'activité ou arrêt pur et simple. Le maintien semble tenir la corde en local mais avec quelles compétences résiduelles ? Le personnel socle présent s'interroge et vit au jour le jour une situation de sous-charge caractérisée. Il faut reconnaître qu'un certain nombre de salariés ont pris la voie de l'informatique via une formation prise en charge par la Direction, mais ceux qui n'ont aucune affinité avec celle-ci espèrent un discours plus rassurant et stable, et surtout sincère. A suivre donc... Il en va de même de la stratégie liée au bassin d'emploi où la dépendance à un fameux constructeur aéronautique est proche de 80% si on englobe toute la sous-traitance. Un salarié nous cite par exemple la stratégie de Cap Gemini qui a retiré une bonne partie de ses activités industrielles de la région. La diversification de l'activité a été engagée par AUSY il y a quelques années mais elle demeure encore faible. Difficile de faire mieux sans doute au vu de la spécificité aéronautique forte de la région... Nous avons toutefois pu visiter un plateau de consultants exerçant leur art pour un célèbre opérateur de télécoms portant les mêmes couleurs que nous...
Il est aussi des discussions qui ont le mérite de la franchise. Ainsi, un membre du personnel en structure nous souffle que : "je ne me sens pas représenté quand je vois des élus n'appartenant pas à mon type de métier" ou plus franchement "des élus qui n'ont pas eu d'activité opérationnelle depuis longtemps", manquant donc de sens objectif sur l'activité et ses enjeux. Elle poursuit en évoquant cependant la difficulté pour sa catégorie de personnel de risquer une exposition à un mandat vis-à-vis d'une Direction qui aurait tendance à l'étiqueter voire la placardiser. L'image est tenace, notre Direction diabolise les syndicats et a généré elle-même une situation perverse qu'évoque la personne : "dès qu'un salarié est en litige, il se présente systématiquement avec un représentant du personnel, ce geste est perçu comme une méfiance, une défiance et compromet le dialogue". A ce tableau la personne ajoute : "il faut aussi parler du statut protecteur du mandat qui est une valeur refuge que nombre de salariés sont tentés de saisir"... La CFDT est particulièrement consciente de l'image altérée des syndicats et c'est en cela qu'elle souhaite choisir ses candidats, et par conséquent prendre le temps de constituer sereinement une liste électorale.
L'Innovation Center de l'agence toulousaine vit à l'heure de la robotique avec Poppy , une plateforme open-source basée sur l’impression 3D. Un de nos collègues travaille sur une main articulée afin d'en équiper le robot Poppy. Les investissements sont la clef de l'innovation, ils restent cependant trop rares et il faut avoir recours à des astuces comme récupérer des ressorts dans des briquets ! Ce système D est une anecdote mais de façon plus générale et nous pouvons en parler, puisque la CFDT a participé au groupe de travail sur l'innovation, nous attendons toujours une stratégie de l'innovation avec de réels moyens financiers et humains dédiés. Beaucoup d'attente de notre part et aussi de bon nombre d'opérationnels comme nous avons pu le constater mais une Direction qui ne lâche pas suffisamment les chevaux...