30 octobre 2024

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La CFDT n'a pas pour habitude de réaliser des articles polémiques mais nous vous devons une part de lumière sur le fonctionnement des instances représentatives du personnel et le déroulement du dialogue social (la bonne blague) entre 2015 et 2019.

Il est apparu nécessaire à nos yeux de vous éclairer sur les évènements marquants d'une mandature assez rocambolesque que fût ce millésime 2015-2019. Nous vous assurons de notre totale franchise et ce même si vous pourrez de temps à autre friser l'incrédulité. Ainsi va le quotidien d'un élu CFDT pendant la période "d'occupation" (désolé pour la référence maladroite mais elle soulage si on l'écrit !) que nous venons de vivre.

 

Orgueil et préjugés

 

Nous étions loin d'imaginer tout ce qui allait se dérouler au moment de l'élection en 2015. Le premier signal négatif est intervenu très tôt dès la première réunion de CE où le secrétaire élu ne fût autre que le secrétaire d'alors du CHSCT. Cumulant les fonctions par une volonté hégémonique, verrouillant l'ensemble des commissions-clefs (logement, économique, conseil d'administration), le ton était ainsi donné sur l'esprit de fermeture et le désir d'exclure tout élu hostile à son obédience. Cette nomination fut ponctué d'un discours grandiloquent où jaillit la formule "I had a dream" extrêmement modeste et incongrue ! Comment peut-on se comparer sans vergogne avec l'iconique défenseur des droits civiques afro-américains ?  Cela donnait le ton d'un secrétaire qui ne comptait pas s'effacer devant sa fonction et se mettre au service de ses pairs élus comme il est de convenance et d'esprit. Tout au contraire, cela amorça une période de culte de la personnalité aux allures melonesques. Frustration et attente sont sans aucun doute les deux mamelles de la réussite syndicale pour une personne en déficit de reconnaissance... Notre deuxième étonnement lors de cette même réunion inaugurale, au moment de la constitution du bureau, fut de constater que le secrétaire adjoint était d'un autre syndicat que le secrétaire. Il en était de même pour les fonctions de trésorier / trésorier adjoint mais en inversant l'ordre des syndicats. Cette configuration inédite et peu courante relève d'un pari osé de confiance : titulaire et adjoint doivent en effet tout partager en permanence et nous doutions déjà, vu les personnes concernées, que la mayonnaise pourrait monter. Un autre ingrédient nous interpella : le syndicat arrivé en tête des élections n'assuma pas son rôle et se contenta du poste de secrétaire adjoint, un pied de nez, selon nous, irrespectueux à ses électeurs. Nous sortions donc choqués et interloqués de ce "take-off" du Comité d'Entreprise.

 

Le bûcher des vanités

 

S'ensuit alors, comme pour une élection présidentielle, une période dite de grâce où tous les élus étaient au garde à vous, la couture sur le pantalon tels des élèves appliqués lors d'une rentrée des classes. Nous la pensions sincèrement plus longue mais les choses se délitèrent beaucoup plus rapidement que prévu. Et nous étions loin d'en finir avec nos surprises... En plus de courir deux instances CE et CHSCT en parallèle mais aussi mener les négociations collectives, l'omniprésent secrétaire eut en plus la fâcheuse habitude de ne pas faire confiance et déléguer, partager. Cette situation aberrante fit fatalement quelques étincelles de découragement et de dépit parmi les élus nouvellement parvenus au CE. Les rangs se sont clairsemés et la belle union de départ vola en éclat en moins de deux ans. La surcharge des mandats n'en est pas la seule explication, il y aussi la façon de travailler, de faire fonctionner les instances.

On peut tout d'abord s'agacer des retards répétés en début de séance des réunions CE sans que même le secrétaire adjoint n'ose ouvrir la séance, ce manque de ponctualité, sans prévenance, sonnait pour nous comme un manque de respect pour les élus. Lorsqu'elle eut le secrétariat,  la CFDT n'a jamais fonctionné de la sorte et c'est d'ailleurs pour ces situations que nous avons créé à l'époque le poste de secrétaire adjoint, parfait binôme et suppléant. Même si il relève de la prérogative du secrétaire d'élaborer l'ordre du jour en concertation avec la Direction, nous avons très vite compris que cela ne méritait pas de consulter en amont les élus pour autant. Il est pourtant logique qu'un secrétaire planifie en avance les points récurrents et les répartisse sur le calendrier. Au passage cela permet aux élus de mieux anticiper les sujets et d'en proposer. Point de tout cela, la plupart du temps il était habituel de découvrir la convocation le vendredi soir voire même le lundi pour une réunion le mardi. Le non-respect du délai minimal d'envoi a été franchi à plusieurs reprises et jamais à la charge de la Direction. Il était aussi frappant de voir à quels points la formulation des sujets à l'ordre du jour sur la convocation restait trop vague et facilitait la tâche de la Direction pour prétexter ne pas avoir cerner ledit sujet et donc eu suffisamment de temps pour pouvoir y répondre. Les reports de point furent donc légions et alimentèrent une confusion qui ne faisait que croître. Une autre fâcheuse habitude fut de charger à outrance les réunions avec a minima vingt ou trente points à l'ordre du jour. Les réunions furent très vite interminables, découpées sur plusieurs dates, voire carrément espacées de quelques semaines et il devint illusoire de suivre quoi que ce soit dans ce chantier pour un élu qui possède aussi un métier et des contraintes auprès de son Client. Nous pouvons aussi parler à loisir des documents attenants au point à l'ordre du jour qui, comme d'habitude, sont expédiés pour la plupart la veille voire carrément le jour même de la réunion ! Un manque de respect total de l'instance et une faute inexcusable pour un secrétaire auto-investi du rôle de vengeur masqué très vite démasqué... L'autre prérogative d'un secrétaire est de veiller à la production de compte-rendus auprès des élus (dans un délai légal de 15 jours) et ensuite des salariés. Cette fonction est sous-traitée à une personne extérieure compétente et effectuant un travail de qualité depuis déjà plusieurs années avec le CE. Le problème est qu'elle se retrouva très vite surchargée par l'abondance de réunions et le devoir de réaliser aussi le même travail de rédaction pour le CHSCT, en plus bien sûr de ses autres clients. Les délais se sont donc allongés et la production de PV synthétiques, plus comestibles que les in-extenso s'interrompit par un choix d'allégement fait par le secrétaire. C'est ainsi que plusieurs PV sont introuvables et n'ont jamais été en notre possession (11-2016 ,02-2017 et 03-2017 par exemple) ! Pour ceux qui ont pu être fournis et validés souvent très en retard, ils devinrent vite inexploitables en l'absence d'exemplaire synthétique. La défaillance du secrétaire est donc coupable car il a la charge de responsabilité et doit l'assumer même dans le cadre d'une sous-traitance. Pas encore incrédule ou lassé ? Nous vous invitons à poursuivre votre lecture pour aller de surprise en surprise...

 

Vieille billetterie et marché noir

 

Du côté de la gestion des affaires socio-culturelles, nous étions stupéfaits de la désinvolture avec laquelle fut abordée ce pan du comité d'Entreprise que nous considérons tout aussi important pour les salariés que le volet socio-économique. Aucun budget ne fut présenté aux élus pendant deux ans et les activités périclitaient par un amateurisme total, une inexpérience profonde et un manque de temps par l'empilement des casquettes ce chacun, malgré toute la bonne volonté des employés détachés au CE. Le contrôle URSSAF de 2015 a véritablement traumatisé le secrétaire selon ses dires car lui seul a pu s'entretenir avec l'inspecteur. Il est plus probable que nous fûmes proposé en bouc émissaire. La CFDT fut attaquée par le secrétaire pour son manque d'équité dans ses règles de gestion. Il faut là expliquer la stratégie de l'URSSAF qui dépend énormément des époques et des consignes gouvernementales pour chasser le moindre euro. Ainsi, AUSY est une Entreprise contrôlée régulièrement et le Comité d'Entreprise à la même occasion. Il y eu par conséquent un contrôle avant notre prise de mandat en 2011 et celui-ci ne révéla pas d'anomalie dans les pratiques d'alors  que nous avons reconduites et développées. Comment alors expliquer ce changement ? L'Etat cherche de l'argent et les contrôles URSSAF se font de plus en plus approfondis. Ainsi, AUSY a travaillé en transparence et concertation avec l'URSSAF pour proposer une nouvelle politique de frais la mettant à l'abri d'un redressement massif comme d'autres de nos concurrents ont pu le subir. Il est alors aisé de crier au loup quand des époques ne sont pas comparables. Malgré une avance confortable de trésorerie en raison de l'absence de consommation des salariés, le CE a poursuivi sa mise en place de règles de subventionnement draconiennes, obscures et dissuasives. 

Pour notre part, nous n'avons pas vendu à la sauvette des places de spectacle sportif sur la voie publique en toute illégalité... Le secrétaire du CE a ordonné à une salariée du CE d'écouler de cette façon un stock arrivant à expiration. Cela ne se serait certainement pas ébruité si la police n'avait pas pris en flagrant délit la salariée !! Cela lui valu une convocation mais qui n'eut pas de suite, probablement en raison de la surcharge du personnel policier en raison des tristes attentats de novembre 2015 intervenus quelques jours plus tard. Le coup est passé très près et nous étions atterrés par une telle inconséquence. Très vite, nous avons compris que la passivité du bureau devant la gestion des stocks de billets s'expliquait par la mainmise du seul secrétaire occupé par ailleurs par bien d'autres sujets. Plutôt que de déléguer, tout était ainsi traité dans l'urgence. Nous avons aussi vite compris que les trésoriers ne servaient absolument à rien dans l'esprit de l'omni-secrétaire. Deux trésoriers du syndicat partenaire se sont ainsi succédé et on jeté l'éponge en constatant une absence totale de partage d'informations, une confiance inexistante réciproque avec le secrétaire et une vision à 180 degrés du rôle d'un comité d'Entreprise.

 

La guerre des gangs

 

La situation déjà tendue est encore monté d'un cran quand le CHSCT a été renouvelé en 2017, plaçant enfin un nouveau secrétaire à sa tête, d'un syndicat différend au secrétaire du CE (vous savez le syndicat partenaire qui eut le poste de trésorier du CE). La rivalité était en place, les piques et coups bas pouvaient commencer entre les deux instances. La CFDT assista alors à une partie de planches savonnées surtout dirigés vers le nouveau secrétaire du CHSCT. Hallucinant... Il faut dire que le contentieux émane évidemment du choix du secrétaire mais aussi de l'accord préalable de mise en place du CHSCT dont le périmètre encore national mécontentait le secrétaire du CE. Les débats furent houleux sur ce point et la secrétaire menaça verbalement les élus du CE qui pourraient donner un avis positif sur ce projet de CHSCT. La CFDT estima ce conflit puéril dans le sens où le mandat du CHSCT était court (moins de deux ans) et que la négociation avait permis de passer de neuf élus à vingt-quatre en compensation d'une instance toujours nationale. Le compromis était acceptable pour nous avec en perspective d'avoir en 2019 des commissions régionales dédiées à la santé et aux conditions de travail comme ce sera le cas après les élections professionnelles mettant en place la nouvelle instance CSE. La tension fut telle dans cette période que le secrétaire du  CE aurait très bien pu être remplacé, chose rarissime mais qui de notre point de vue n'était concevable que par une volonté interne à son syndicat. En d'autres termes, les collègues élus de son syndicat comptait sur une motion de notre part pour parvenir à leurs fins. C'était inenvisageable pour nous : à ceux qui ont pu rendre cela possible d'assumer leurs propres responsabilités !

Depuis cette période, les élus vivent chacun de leur côté et le travail en commun se fait rare. Les réunions préparatoires n'ont que très peu existé et ont disparus par manque de combattants, soit par manque de temps (déjà trop de jours de réunions plénières) ou carrément manque d'envie (puisque le secrétaire décide de tout au final). Il nous tardait donc de mettre fin à ce supplice d'instance et cette expérience derrière nous pour de bon. Tout cela n'exclut pas qu'une partie du travail ait été assurée mais dans des conditions peu ordinaires. Alors si une telle expérience ne vous paraît pas souhaitable à reconduire, pensez à la meilleure façon de voter...

 

La promesse de l'aube

 

Nous sommes bien conscients que tout cela peut de prime abord ne pas participer au renforcement de l'image des syndicats mais il ne faut pas s'y tromper : derrière les étiquettes il y a des hommes des femmes de valeur et nous savons reconnaître parmi nos partenaires syndicaux des interlocuteurs intéressants et dépasser le clivage de l'emballage. Cette expérience prouve que certaines personnes à la mauvaise place peuvent gripper un collectif qui malgré tout  se doit d'assurer la mission pour laquelle il a été élu : vous représenter dignement, efficacement, humblement. Les choses ne changeront que si les leçons du passé sont retenues, que l'institution se renouvelle et nous aurons besoin pour cela de toutes les bonnes volontés ! Le CSE sera un nouveau jour...

 

 

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