Chaque année, la loi oblige l’employeur à mener des négociations dites NAO sur deux thèmes :
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La rémunération, notamment les salaires effectifs, le temps de travail et le partage de la valeur ajoutée dans l'entreprise,
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L’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, portant notamment sur les mesures visant à supprimer les écarts de rémunération, et la qualité de vie au travail.
La cuvée 2022 (centrée sur le premier sujet) se présente sous un jour particulier, dans un contexte inédit de forte inflation (6.2% sur un an) jamais atteinte depuis plus de trente ans (source INSEE) et une reprise économique post crise sanitaire où des tensions très fortes sont observées sur le marché de l’emploi.
Nous assistons en effet depuis l’épisode Covid à un retournement de tendance où la demande a pris la main sur l’offre : nos consultants n’ont en quelque sorte qu’à traverser la rue pour décrocher un contrat tant la pénurie de candidats se fait sentir sur les métiers du numérique. La concurrence au recrutement se fait ainsi intense, ajoutant une difficulté supplémentaire à la nécessité de répondre aux impacts sur le pouvoir d’achat des salariés. La compétitivité d’AUSY doit donc se mesurer par rapport à l’attractivité que l’Entreprise peut dégager auprès de ses salariés ou futures recrues…
L’enjeu est donc crucial dans bon nombre d’entreprises en cet automne et les négociations salariales ardues entre Direction et partenaires sociaux. AUSY ne pouvait échapper à cette règle pour les raisons évoquées et les débats ont été menés en octobre et novembre.
La CFDT y a présenté ses revendications prioritaires :
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Un socle d’augmentation générale (AG) pour atténuer les effets de l’inflation
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Une partie complémentaire dédiée aux augmentations individuelles (AI)
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Pour les AI, une définition précise de critères objectifs afin que l’évaluation du salarié soit recevable
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Définir et affecter des métiers aux salariés cohérents avec une classification
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Clarifier la gestion du temps de travail et valoriser systématiquement les heures supplémentaires accomplies
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Négocier la compensation du temps de trajet qui est une obligation légale
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Proposer un dispositif efficace de partage de la valeur ajoutée : intéressement, révision de l’accord de participation, actionnariat salariés, prime de partage de la valeur (ex prime Macron), etc
Bien que consciente du contexte de perte de pouvoir d’achat, la Direction s’est déclarée opposée à un principe d’AG sur l’ensemble des salariés pour des raisons « philosophiques » et préfère conserver un système méritocratique.
Depuis plusieurs années, une enveloppe basée sur un pourcentage de la masse salariale actuelle est proposée à la négociation pour couvrir l’ensemble des AI de l’année suivante. La Direction propose pour 2023 une enveloppe de 3%, un effort qui n’en est pas un quand on sait qu’il est analogue à l’an dernier (où l’inflation était de 1,6%). Celui-ci était alors cohérent avec l’effort 2020 (enveloppe de 0,8% pour une inflation de 0,5%). Le compte n’y est donc pas pour la CFDT.
Toutefois, la Direction conserve comme l’an passé une mesure d’augmentation générale sur les bas salaires (inférieur ou égal à 30k€ avec un an d’ancienneté). La CFDT a réalisé une contre-proposition d’envisager une augmentation générale avec un pourcentage modulé et sur une gamme de salaires plus étendue. Elle n’a pas été entendue mais a obtenu de la Direction que cette augmentation des bas salaires proposée à 3% soit révisée à 4%. Pour rappel, l’augmentation de l’an dernier était de 2% et concernait les salaires inférieurs ou égaux à 25k€. La CFDT regrette qu’une telle mesure soit restreinte à une cinquantaine de salariés mais valide cependant le principe de soutenir les revenus modestes devant l’inflation.
La CFDT s’avère une nouvelle fois déçue du manque criard d’écoute de la Direction sur le sujet de la valeur ajoutée. Les réponses sont les mêmes que l’an passé : une volonté d’aller vers l’intéressement mais un blocage du côté de notre propriétaire Randstad tout comme pour l’actionnariat Groupe, une vague réflexion sur une formule alternative de la participation, une surdité prononcée sur la prime défiscalisée de partage de la valeur… La porte reste entrouverte sur le temps de trajet et les critères d’évaluation des salariés mais différée par manque de préparation aux sujets.
Concernant les mesures complémentaires aux salaires, la Direction a envisagé dans un premier temps des mesurettes partagées entre Titre-Restaurant (TR : passage de 7,5€ à 8€) et soit indemnité journalière télétravail (passage de 2€ à 2,5€ uniquement pendant les mois d’hiver) soit chèque CESU (40€ par salarié). La CFDT considère qu’un budget aussi restreint que présenté sur ces mesures correspond à un saupoudrage inefficace. De plus, proposer une mesure non pérenne (télétravail) ou ciblant une partie limitée de salariés intéressés (CESU) est d’un affichage peu pertinent dans une ambiance de flambée des prix… S’appuyant sur l’inflation constatée dans le secteur alimentaire (12%), la CFDT a demandé une mesure concentrée sur un objectif et obtenu une revalorisation très significative de la valeur faciale du TR : le titre passera à 9 euros à partir du 1er janvier 2023. Il faut cependant tempérer l’effort produit car 40% en revient toujours à la charge du salarié. Mais force est de constater que cette valeur n’avait pas évolué depuis 2017 et qu’elle demeurait très en deçà des standards observés chez nos concurrents comme beaucoup d’autres indicateurs sociaux d’ailleurs…
Le bilan de cette NAO est donc bien maussade pour répondre aux enjeux de compétitivité de l’Entreprise sur le marché du recrutement et faire face aux difficultés de fidélisation. Le turn-over galope et frise les 40%, poursuivant sa croissance linéaire depuis 2020 et la reprise post-Covid. Plus que de l’organisation, des moyens sont nécessaires pour gagner les enjeux stratégiques qu’AUSY s’est fixé. Il en existe certes mais encore bien limités pour développer notre attractivité.
En conclusion, un rappel des mesures prises par l’entreprise à l’issue des négociations :
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Une augmentation de 4% du salaire annuel brut à tous les salariés en CDI dont le salaire annuel brut est inférieur ou égal à 30K€, à compter du 1er janvier 2023, sous réserve d’une ancienneté de 12 mois c’est-à-dire ayant été embauchés au plus tard le 31 décembre 2021
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Une enveloppe réservée aux augmentations individuelles d’un montant atteignant 3% de la masse cumulée des salaires de base des salariés présents fin décembre 2022.
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Une revalorisation de la valeur faciale du ticket restaurant de 7,50€ par jour à 9€ par jour à compter du 01/01/23.