Un Delivery Director chargé d'une mission transversale au sein de la Direction des projets France (DPF), est intervenu en séance plénière CE et CHSCT pour présenter le projet de transformation des activités projets au forfait (appelées aussi Delivery). Cette réorganisation est motivée par des enjeux de croissance, de profitabilité, et d'augmentation de la part du mode forfait (appelé aussi ER : Engagement de Résultats). Cinq grands chantiers ont été identifiés : les rôles et responsabilités de la DPF, la formation, l'expertise, le staffing et l'avant-vente (ces deux derniers sujets seront abordés sur le deuxième trimestre 2018). Cette transformation s'accompagne d'adhérences multiples avec les autres services de l'Entreprise : Direction des services informatiques (DSI), Responsable sécurité des systèmes d'information (RSSI), Direction juridique (DJU), Direction des Affaires Financières (DAF), Ressources Humaines (RH) , Direction des Affaires Sociales (DAS), Direction qualité (DQG) , Directions des Opérations (DOP), Direction Marketing (BID Management) et bien entendu la Direction générale (DG).
L'ambition est de rendre effective cette organisation au 1er juillet 2018. L'objectif affiché est de mieux structurer l'organisation des projets et de faciliter la vie de ceux-ci.
Rôles et responsabilités Projet
Refonte des fiches de poste projet : passage à l'anglais
L'existant a été repris, clarifié et adapté avec une terminologie reprise du système anglo-saxon et que nos clients connaissent. L'objectif est de se remettre à niveau par rapports à nos concurrents et d'adopter les mêmes méthodologies. La nouvelle filière projet s'établit donc ainsi par ordre croissant de responsabilités :
- Team Leader (TM) qui correspond à un encadrant technique sur un projet
- Project Manager (PM) qui correspond à la fonction CP (Chef de projet) actuelle
- Senior Project Manager (SPM) qui correspond à la fonction DP (Directeur de projet) actuelle
- Delivery Manager (DM) qui correspond à la fonction RTA (Responsable Technique d'Affaires) actuelle
- Delivery Director (DD) qui correspond aux responsables de Centre de Production (RCP) actuels.
- Regional Delivery Director (RDD) qui est le pendant du DD mais en région
- Global Delivery Director France qui est le haut responsable de la filière ER pour la France (Christophe M. à ce jour)
Cette organisation n'est pas systématiquement présente dans son ensemble sur chaque projet, elle dépend de la complexité de ceux-ci. Elle concernera les collaborateurs appartenant à la DPF ou détachés auprès de celle-ci par leur DOP dans le cadre de la réalisation d'un projet en engagements de résultats. Actuellement, un millier de collaborateurs sur l'ensemble de l'Entreprise travaille dans le périmètre de l'ER dont seulement une centaine font partie de la DPF.
Réaffirmer les responsabilités du Delivery : on charge toujours plus la barque du Chef de Projet...
Le point important de la transformation est ici de renforcer l'autonomie des PM/SPM. Les Project Managers auront une dimension de visibilité financière leur permettant de suivre la rentabilité de leur projet. Ils pourront déclencher de la facturation.
Les principes majeurs de l'engagement projet sont exprimés dans l'ensemble du champ de responsabilités nouvelles à couvrir et qui sont recensés dans les fiches de poste du PM/SPM :
- s'assurer que ce que l'on délivre apporte de la valeur au Client
- suivre les risques commerciaux
- être garant du CA et de la marge du projet
- déclencher les factures
- relayer les messages et problèmes du Client
- délivrer le service dans la limite du contrat (valoriser le cas échéant les éléments non inclus)
- piloter son équipe et les sous-traitants éventuels
- respecter les exigences (se conformer au cahier des charges)
- gérer les coûts et les dépenses
- établir le reste à faire en charge et en dépenses
- optimiser la productivité et capitaliser
- s'assurer de la satisfaction Client
- produire un reporting mensuel
- gérer les risques et mener des plans d'action associés
- superviser la productivité et la profitabilité
- veiller à la bonne application des process de Delivery
- partager les pratiques, participer à la certification interne/externe
Ces responsabilités sont ensuite consolidées par le DM et le DD. Ce ne sont pas moins de 238 responsabilités qui sont ainsi recensées dont 59 nouvelles (!).
Compétences projet : ACE 2 et PPR
47 compétences projet ont été réparties en sept thèmes : technique, gestion de projet, leadership et management, gestion de la relation Client, compréhension du marché, avant-vente, savoir-faire et savoir-être. Chacune d'elles feront l'objet d'une appréciation concertée entre l'intéressé et l'encadrant immédiatement supérieur du projet. Elle sera effectuée sur une échelle de 1 à 4 comme dans le projet ACE.
Le projet prévoit la mise en place de PPR ( Performance Project Review) qui donneront l'opportunité aux chefs de projets de donner des objectifs aux développeurs et permettre l'évaluation de l'atteinte de ces objectifs. Ces éléments participeront à l'évaluation globale du collaborateur par son manager hiérarchique. Ces évaluations vont faire l'objet d'un formalisme documentaire entre le SPM et le PM ou bien le PM et chaque membre de son équipe.
Les RACI
L'appellation RACI est un acronyme et représente le "qui fait quoi" sur un projet : R (Responsible) réalise l'action ; A (Accountable) supervise, rend compte et valide l'action ; C (Consulted) conseille et donne son avis ; I (Informed) est informé. Ces diagrammes sont complétés et améliorés.
La gouvernance
Afin de faciliter la prise de décision pour traiter les problèmes ou les anticiper pour les Clients et projets importants, des référents du Comité exécutif seront identifiés afin de jouer le rôle de relais direct avec la Direction Générale. Le projet intitule "Exec Sponsor" ces intervenants, nous les appelerons plutôt pompiers de service...
Le reporting
Le projet évoque le principe d'un scoreboard global DPF diffusé en mensuel et destiné à tous les acteurs du pilotage PM/SPM/DM/DD/RDD. Il intègre les données financières de Chiffres d'Affaires, de marge, les faits marquants, les données principales de chaque projet, le top 5 et le flop 5.
L'outillage
Le projet recense les besoins d'outils collaboratifs multicanaux et convergents afin d'être efficient et se conformer à la souplesse des modes de travail actuels : présentiel, partage d'écrans, visio-conférence, chat, collaboratif. Le travail distant peut ainsi être possible quel que soit le lieu.
La Formation
Le projet présente une démarche de certification pyramidale par échelon, chaque échelon étant un pré-requis pour prétendre au suivant :
- Le cursus de certification interne PM Foundations,
- La certification externe CAPM de gestion de projet
- Le cursus de certification interne PM1 qui est l'adaptation chez AUSY des pratiques CAPM. Ces formations se réalisent en e-learning et en présentiel par des mises en situation. La formation PM1 sera utile pour des projets entre 500 et 2000 j.h
- La certification externe PMP de gestion de projet
- Le cursus de certification interne PM2 qui est l'adaptation chez AUSY des pratiques PMP. Ces formations se réalisent en e-learning et en présentiel par des mises en situation. La formation PM2 serait utile pour des projets au delà de 2000 j.h
Le projet évoque aussi :
- la mise en place de tutorat : faire grandir les collaborateurs par appel à des référents afin de progresser et être accompagné.
- la création d'une communauté dont les animateurs seraient les personnes certifiées.
Ce projet a le mérite de couvrir un ensemble très complet de thématiques de l'engagement de résultat sous l'angle du management de projet. il en oublie pourtant deux fondamentaux : la capitalisation et la fidélisation. Le premier contribue à l'amélioration continue, il est pourtant évacué par l'absence de considération de la charge réelle de travail sur les projets. Cela est complètement rédhibitoire à aux yeux de votre vieux briscard de rédacteur du haut de ses vingt ans de métier dans l'ER. Le second participe à l'adhésion et aucun moyen n'est évoqué pour favoriser celle-ci, que ce soit sur les moyens mis en place ou les financements. Comment capitaliser sans fidéliser ? La réciproque est aussi vraie. Ces deux piliers de sagesse ont toujours été les points faibles d'AUSY, nous ne les retrouvons pas dans ce projet de transformation qui apparaît surtout structurant et cosmétique mais manque cruellement de déclinaison de moyens et d'engagements concrets. Pour qu'il fonctionne au delà de l'effet d'annonce, ce projet en appelle d'autres qui sont encore à l'état d'idée, d'ébauche ou encore non aboutis. La cartographie des métiers, les parcours de carrière ne sont encore qu'un concept. La refonte des outils internes est en cours de gestation. Les projets de fidélisation sont encore en phase de réflexion. Il est dès lors difficile de prédire des changements tant que la variable financière demeurera la seule clef de voûte du système de l'Engagement de Résultat. Trop de questions demeurent sans réponse à ce stade. L'adhérence des différents chantiers sans véritable coordination est pour nous une source de complication et de retard dans le déploiement prévu. Cette réorganisation comporte aussi le risque d'accentuer le clivage entre deux types d’activités AT et ER par la différenciation de traitement des salariés en terme de process, d’outils, de gestion de carrières. Et aussi de classification car les fiches de poste ne sont pas déployées pour tous. A suivre donc comme tous les autres chantiers en cours...