19 avril 2024

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Il est des journées que l'on pense paisible et festive. Le match des bleus s'annonçait puis la célébration de la musique en point d'orgue d'une journée estivale. Et tout à coup, un appel téléphonique suivi d'un mail vous rappelle à la réalité : nos dirigeants ne connaissent pas la trêve et phosphorent en permanence. Ce que nous envisagions comme scénario possible parmi d'autres au moment du rachat de AUSY par RANDSTAD, va prendre forme : le transfert partiel des services support de notre Entreprise vers le Groupe RANDSTAD France. Repoussé à l'époque par nos repreneurs qui scandait le "rien ne change" afin de calmer nos ardeurs imaginatives et étancher notre soif de stratégie, l'hypothèse survient à un moment crucial du chantier de réformes en cours dans l'Entreprise. Déjà débordés par le nombre de sujets à traiter et l'actualité sociale abondante, vos représentants vont devoir analyser le phénomène et formuler un avis durant l'été sur un projet de "rapprochement" des équipes soutien d'AUSY avec notre actionnaire principal. Pour l'heure, nous sommes en possession d'un dossier décrivant le principe du projet sans toutefois répondre à nos interrogations profondes. Beaucoup d'hypothèses futuro-réalistes ou futuro-fantaisistes se font jour, gardons-nous donc des fake news et de ne parler que de concret et avéré, puis de peser nos termes en ces temps révolutionnaires. Après avoir maîtrisé son avenir pendant presque vingt ans, AUSY subit maintenant le changement. De start-up performante à entreprise dynamique, de groupe international à filiale d'un géant de l'intérim, de label de référencement à simple sous-marque ? La digestion à commencé... Pour le meilleur ?

Rien ne change ... sauf ce qui doit l'être

 

La stratégie de bon nombre d'entreprises est d'optimiser leur voilure en allégeant la structure support par la mise à profit de la transformation digitale en vogue, voire de déléguer par sous-traitance des services entiers. RANDSTAD étant avant-gardiste en service digital, comme nous l'avions constaté au moment du rachat et lors des entretiens avec Mr BEHAREL (PDG Randstad France), ce projet n'est pas des plus inattendus. Il intervient à la mi-temps du chantier de réforme des outils du système d'informations d'AUSY et ce n'est pas anodin. Nous évoquions dans notre article sur le sujet le retard pris par la phase de réflexion et de mise à plat des processus et l'impératif de commencer l'année 2019 avec la nouvelle politique digitale. Sans avoir pour l'instant de certitudes sur le déclencheur de la décision, nous pensons que ce projet est destiné à transmettre un électro-choc au personnel concerné. Après la posture du "laissez-vivre" et du "juste banquier" tenue par RANDSTAD à l'amorce de la reprise d'AUSY, l'heure est à la mise aux normes du géant de l'intérim pour notre Entreprise.

Sans doute lassé par la vétusté des outils et processus et l'inefficacité de ceux-ci (induisant des retards de facturation clients et fournisseurs), notre propriétaire, à la rigueur néerlandaise,  a fait le choix de consolider nos services avec les siens pour gagner en efficience et tenir les objectifs. Il y a alors deux paris classiques quand on transfère du personnel d'une Entreprise à une autre au sein d'un même groupe : capter les meilleurs et espérer décourager les autres... A terme, l'économie est donc présente car nous savons pertinemment que l'effectif va se réduire naturellement. On peut froidement déjà entrevoir que les charges fixes de structure d'AUSY vont se réduire, encore une économie parmi la kyrielle que nous avons déjà constaté (déménagement, sortie de bourse, changement de mutuelle, réforme de la politique de frais). RANDSTAD, déjà satisfait de notre rentabilité double de la leur, n'est pas rassasiée. Nous attendons toujours un retour financier concret  auprès des salariés, est-ce un signal vis-à-vis de ceux-ci ? La suite nous le dira, nous attendons de débattre de cela avec notre Directeur Général lors des réunions d'instances qui se dérouleront le 6 juillet prochain. La mue n'est certainement pas finie et d'autres projets sont dans les cartons. Concentrons-nous sur celui-ci pour le moment et évoquons ce qui est en notre connaissance.

Un délai, des choix, un choc

 

Les motivations annoncées du projet de rapprochement des support AUSY vers le Groupe RANDSTAD France (GRF) sont les suivantes :

" - faire progresser le support fourni tant interne qu'externe,

  - permettre aux équipes d'être acteur dans la conduite d'une transformation profonde de l'Entreprise

  - bénéficier des moyens disponibles de GRF

  - investir dans des outils complémentaires et dédiés aux métiers d'AUSY

  - mutualiser les savoir-faire et compétences sous le management unique de GRF

  L’ampleur des chantiers engagés ou à venir, ainsi que l’échelle de temps, impliquent des choix et des moyens importants."

L'essentiel est ainsi dit par rapport à ce que nous évoquions. L'objectif est d'améliorer la qualité du support. Cela passe par une transformation profonde accompagnés de moyens et d'investissement. L'intérêt avoué est aussi d'établir et mettre à profit des synergies. Le document indique aussi la nécessité de faire des choix pour tenir l'échelle de temps promise aux chantiers engagés. Ainsi, nos perceptions et craintes étaient fondées en matière de refonte des outils et process : nous partions de trop loin pour arriver à temps au point de rencontre 2019. Un autre signal fort : la main passe à RANDSTAD puisque ces services support provenant d'AUSY sont placés sous management RANDSTAD.

Le regroupement des équipes concerne les services suivants d'AUSY (91 salariés) :

  • L'ensemble de la Direction des Affaires Financière (DAF) : 51 salariés,
  • Au sein de la Direction des Affaires Sociales (DAS) : la paye, le contrôle de gestion sociale, le service en charge du déploiement de la politique handicap : 9 salariés,
  • La direction des services généraux : 5 salariés,
  • Le service fiscalité de la direction juridique: 1 salarié,
  • La direction informatique (DSI) hors filiales Roumanie et Inde : 20 salariés,
  • Au sein de la direction des ressources humaines : l’équipe recrutement en charge des fonctions support, et le pôle communication : 5 salariés.

L'évocation des enjeux humains du projet résonnent comme un écho à tout ce qui fait défaut au fonctionnement actuel d'AUSY : constitution de pôle d'expertise, coordination renforcée, développement des parcours professionnels favorisés (capitalisation, polyvalence, montée en compétence, mobilité interne). Ce sont de vrais appels du pied destinés à motiver le personnel concerné, un discours convenu et complaisant qu'il faut considérer avec prudence. On peut toutefois dire que ce ne peut être que mieux par rapport à AUSY...

Deux axes pertinents de progrès sont évoqués : la fiabilisation et l'optimisation des processus par les synergies opérées, le gain de souplesse dans l'organisation et l'efficacité des back-up en cas d'absence ou vacance par l'effet du rapprochement. Il s'agit là de deux tendons d'Achille historique chez AUSY : le recours à des process hétéroclites et calamiteux et la désorganisation induite par les absences. Ces dernières induisent notamment des surcharges de travail pour le personnel devant absorber l'activité du salarié absent voire partant de l'Entreprise. Le turn-over du personnel des services support est une vraie difficulté que connaît AUSY : mal considéré, mal intéressé, mal managé, mal reconnu, bon nombre de salariés choisissent le départ. Nos dirigeants ont longtemps négligé cette population "non productive" en comparaison aux consultants, ils récoltent là le vent qu'ils ont semé... 

Les conditions de transfert : volontariat ... forcé et accord tripartite ... à négocier

 

Le projet présente la date du 1er octobre 2018 pour opérer les changements d'employeur pour les salariés concernés. Si vous ne l'aviez pas encore réalisé, il s'agit bien d'un transfert définitif de personnel. Au sein d’un même groupe, il est possible, par accord des parties, de transférer le contrat de travail d’un salarié d’une société du groupe (AUSY ici) à une autre (Groupe RANDSTAD France en l'occurrence). Cet accord doit se matérialiser par une convention (dite convention de transfert tripartite) signée par le salarié, l’employeur initial et le nouveau. Il ne s’agit pas à proprement parler d’un avenant au contrat de travail du salarié dans la mesure où il y a changement d’employeur. Cette convention peut prévoir, outre le principe et la date du transfert du contrat de travail, les nouvelles modalités d’exécution de ce dernier, le cas échéant, ainsi que les éléments repris (ancienneté, congés payés, etc.). Dans ce cas, la convention a valeur de contrat de travail dans la nouvelle société. Ce transfert d'entreprise est une application volontaire de l'article L1224-1 du Code du travail. Le terme volontaire signifie que le salarié concerné est en droit de refuser le transfert, il reste alors employé dans  l'Entreprise d'origine. Dans le cas qui nous intéresse, le transfert de services entiers ne va pas sans poser questions sur le repositionnement dans l'emploi d'un salarié refusant son transfert. C'est à l'employeur d'envisager alors des solutions dont on sait qu'elles peuvent ne pas satisfaire l'intéressé en raison notamment du degré de bonne volonté mise par ledit employeur dans la recherche de reclassement...

Les principales conséquences pour les salariés transférés sont les suivantes :

- changement de convention collective (salariés permanents des entreprises de travail temporaire),

- les accords collectifs applicables sont ceux de GRF,

- positionnement des postes au siège de la société GRF à Saint-Denis la Plaine.

Le projet précise toutefois que le lieu de travail est maintenu jusqu'au 1er septembre 2019 afin de favoriser l'organisation des salariés. Nous imaginons volontiers que cet aspect est primordial pour les salariés concernés. AUSY est implanté historiquement aux portes Sud-Ouest de Paris, il s'agit ici d'une implantation géographique diamétralement opposée à la Capitale qui ne va pas aller sans rebuter un grand nombre. Le cas de salariés AUSY concernés par le transfert mais basés en Province, tel que des établissements comme Toulouse ou Rennes, n'est pas évoqué et pose questions pour leur positionnement futur.

Comme toujours dans ce cadre de projet de transferts, la négociation se fait au cas par cas et chaque salarié devra négocier individuellement le transfert de son statut et veiller à la préservation de ses acquis ou tout au moins à obtenir des compensations pertinentes. La CFDT conseillera toute personne qui la sollicitera dans ce dossier. Nous collaborerons dans ce cadre avec nos homologues syndicaux chez RANDSTAD.

Nous vous informerons de l'évolution de ce projet et des débats qui auront lieu dans les instances le 6 juillet prochain. En l'état, il est pour nous bien délicat de positionner un avis mais plutôt que pointer là un véritable constat d'échec pour le management d'AUSY envers ses salariés de structure en général et particulièrement des services support ici "digérés" par RANDSTAD et sa puissance digitale... Il faut s'attendre dans les temps futurs à d'autres synergies de personnel ou de réorganisation sur le modèle de notre propriétaire, tels que nous nous les imaginions à l'automne 2016 lors de l'examen du projet de rachat de RANDSTAD. Qu'on se le dise, le trône de fer est maintenant à saint-Denis...

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